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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/141

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interrompue d’actions despotiques que le gouvernement peut établir en lui la force physique qui lui manque ; elle n’y sera jamais qu’idéalement sans cela. Lorsque nous sommes jaloux d’en imposer aux autres, il faut les accoutumer, petit à petit, à voir en nous ce qui foncièrement n’y existe pas ; autrement ils nous verront tels que nous sommes, et nous y perdrons infailliblement… J’ai toujours cru, dit Clairwil, que l’art de gouverner les hommes était celui qui demandait le plus de fausseté… Cela est vrai, et la raison en est simple, reprit Saint-Fond, on ne gouverne les hommes qu’en les trompant ; or, il faut être faux pour les tromper ; l’homme éclairé ne se laissera jamais conduire, il faut donc le priver de la lumière pour le mener à sa guise, et la fausseté seul e conduit à tous ces moyens. Mais la fausseté n’est-elle pas un vice, demandai-je à Saint-Fond ? Je la vois bien plutôt comme une vertu, répondit le ministre, elle est la seule clef du cœur de l’homme, il serait impossible de vivre avec lui en n’employant que la franchise ; uniquement occupé de nous tromper, où en serions-nous, si nous n’apprenions pas à le