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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/168

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comme je jure et proteste d’être putain le reste de mes jours !… Que de grâces j’ai à rendre à ceux qui m’ont applani la carrière du vice… C’est à eux seuls que je dois la vie ; je l’avais reçue de mes parens, souillée d’indignes préjugés ; le feu des passions les a consumé tous, et puisque le jour n’est pur, à mes yeux, que depuis que je connais l’art de foutre, c’est de cette seule époque que j’ai reçu l’existence… Des vits, oui, sacre-dieu, des vits, voilà mes Dieux, mes parens, mes amis, je ne respire que pour ce membre sublime ; et quand il n’est ni dans mon con, ni dans mon cul, il se place si bien dans ma tête, qu’en me disséquant un jour on le trouvera dans ma cervelle.

Après ce mouvement d’effervescence, prononcé de l’air et du ton d’une énergumène, Clairwil prit deux carmes avec elle, et fut se coucher sur l’autel ; je, l’imitai : m’étant bien bassinée avec de l’eau de rose, j’essayai de me prêter aux nouvelles attaques de deux superbes novices que j’avais amené, et j’en jouissais lorsque Clairwil, se jettant au bas de l’autel où elle s’est mise, s’écrie qu’il lui faut de nouveaux hommes ; que l’on soit difficile et que l’on choisisse au sein de l’abon-