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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/175

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petites filles de cinq ou six ans, et n’ai jamais eu tant de plaisir : on criait, on déraisonnait, on battait la campagne là, tant que l’on voulait, les antipodes vous eussent plutôt entendus que les habitans de notre hémisphère, et après des horreurs dont vous vous doutez, sans que je sois obligée de vous les peindre, je remontai, seule, quoique nous, fussions descendus trois.

Ce fut à quelque tems de là que je me trouvai à dîner chez Noirceuil avec un fort bel homme de quarante-cinq ans, qui fut annoncé sous le nom du comte de Belmor. Voilà notre nouveau président, me dit Noirceuil ; c’est aujourd’hui le jour de son entrée à la présidence, et il nous a promis, pour sa réception, un discours sur l’amour, que je suis charmé de te faire entendre, pour prémunir ton cœur contre ce sentiment que les femmes n’ont que trop souvent l’extravagance de concevoir pour les hommes. Vous, mon ami, continua-t-il en s’adressant à Belmor, trouvez bon que je vous présente la fameuse Juliette. Vous êtes-vous rencontré à la société ? Non, dit le comte ; je ne me rappelle pas d’avoir vu madame… Eh bien ! dit Noirceuil, vous ferez connaissance