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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/192

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le bon roi Chilpéric, il faut s’en défaire le plutôt possible.

S’il est aisé de démontrer que l’amour n’est qu’un préjugé national ; que les trois-quarts des peuples de l’univers dont la coutume est d’enfermer leurs femmes, n’ont jamais connu ce délire de l’imagination ; en remontant alors à l’origine de ce préjugé, il nous sera facile et de nous assurer qu’il n’est que cela, et d’arriver au moyen sûr de sa guérison : or, il est certain que notre esprit de galanterie chevaleresque qui offre ridiculement à notre hommage l’objet qui n’est fait que pour nos besoins, il est certain, dis-je, que cet esprit vient de l’ancien respect que nos ancêtres avaient autrefois pour les femmes, en raison du métier de prophêtes qu’elles exerçaient dans les villes et dans les campagnes ; on passa par frayeur du respect au culte, et la galanterie naquit au sein de la superstition ; mais ce respect ne fut jamais dans la nature, on perdrait son tems à l’y rechercher ; l’infériorité de ce sexe sur le nôtre est trop bien établie pour qu’il puisse jamais exciter en nous aucun motif solide de le respecter ; et l’amour, qui naquit de ce respect aveugle, n’est qu’un préjugé comme