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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/199

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sirs ; et nous oublions totalement ses vues, quand nous laissons quelqu’empire aux êtres qu’elle nous a soumis.

Nous imaginons trouver le bonheur dans la tendresse que nous supposons aux femmes pour nous : mais ce sentiment n’est jamais que joué, que mesuré sur le besoin qu’elles croient avoir de nous, ou l’espèce de passion que nous flattons en elles ; que l’âge vienne, ou que la fortune change, ne pouvant plus servir à leurs plaisirs ou à leur orgueil, elles nous abandonnent à l’instant, et deviennent souvent nos plus mortelles ennemies. Dans tous les cas, nous n’en avons point de plus cruels que les femmes, qui même nous adorent sincèrement ; si nous en jouissons, elles nous tyrannisent ; si nous les méprisons, elles se vengent, et finissent toujours par nous nuire ; d’où il résulte que de toutes les passions de l’homme, l’amour est la plus dangereuse, et celle dont il doit se garantir avec le plus de soin.

Mais, faut-il autre chose que son aveuglement, pour en faire juger la folie ? faut-il autre chose que cette illusion fatale qui lui fait prêter tant de charmes à l’objet qu’il encense. Il n’est pas un tort qui ne devienne