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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/201

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mieux, cache certainement des défauts qui nous dégoûteraient bientôt, si nous pouvions les connaître ; que notre imagination les voie, ces détails… qu’elle les soupçonne, qu’elle les devine ; et cette première opération faite dans le moment où l’amour naît, parviendra peut-être à l’éteindre. Est-elle fille ? certainement elle exhale quelqu’odeur mal saine, si ce n’est dans un tems, c’est dans un autre ; est-ce bien la peine de s’enthousiasmer devant un cloaque ? Est-elle femme ? les restes d’un autre peuvent, j’en conviens, exciter un moment nos desirs… Mais notre amour… et qu’idolâtrer là, d’ailleurs ? le vaste moule d’une douzaine d’enfans… Représentez-vous là quand elle accouche cette divinité de votre cœur ; voyez cette masse informe de chair, sortir gluante et empestée du centre où vous croyez trouver le bonheur. Déshabillez enfin, même dans un autre tems, cette idole de votre ame, seront-ce ces deux cuisses courtes et cagneuses, qui vous tourneront la cervelle ? ou ce gouffre impur et fétide qu’elles soutiennent… Ah ! ce sera peut-être ce tablier plissé qui, retombant en ondes flottantes sur ces mêmes cuisses, échauffera votre