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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/240

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inquiéter de ceux qui vous les font sentir : si vous dites encore un mot tout est perdu. Nous ne dirons rien, répondis-je, mais réfléchissez bien, sur-tout, que nous ne voulons ni vérole, ni enfans. Aucune de ces choses n’est à craindre avec Dieu, reprit la Durand ; encore une fois, silence, car je ne peux plus vous rien répondre ; et je sentis très-distinctement le vit du personnage qui se servait de moi abondamment décharger dans mon cul ; il jura même, il tempêta, il devint furieux ; et sans presque nous en appercevoir, à l’instant, nous fûmes enlevées, toujours sur le même sopha.

Nous nous trouvâmes dans une chambre sans meubles, laquelle, au tems que nous avions été à monter, nous parut extrêmement haute ; là, plus de rideaux qui séparassent nos têtes de nos corps ; la Durand nous avait suivies ; la même trape l’avait enlevée près de nous : deux petites filles de treize à quatorze ans se trouvaient dans cette chambre ; elles étaient liées sur des fauteuils. À leur contenance… à leur pâleur, nous jugeâmes facilement que ces créatures devaient être nées dans sa plus extrême misère ; près de-là, reposait, dans un berceau,