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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/260

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sonner des rivières, propager des épidémies, putréfier l’air des provinces, corrompre des maisons, des vignes, des vergers ; transformer en venin la chair des bestiaux, incendier des maisons, faire mourir subitement celui qui respirera une fleur, ou qui décachetera une lettre ; je suis, en un mot une femme, unique dans mon genre, personne ne peut me le disputer. Mais, madame, dis-je à la Durand, comment quelqu’un qui connaît aussi bien la nature, peut-il admettre l’existence d’un Dieu ? Quand nous vous avons demandé tout-à-l’heure par qui nous étions foutues, vous nous avez répondu que c’était par Dieu. En est-il un plus puissant que le vit, répondit la Durand ? Ah ! dis-je, j’aime mieux que vous répondiez ainsi qu’autrement. Allons, de la franchise, ma chère, n’est-il pas vrai que vous ne croyez pas en Dieu ? Mes amies, nous dit la Durand, plus on étudie la nature, plus on lui arrache ses secrets, mieux on connaît son énergie, et plus l’on se persuade de l’inutilité d’un Dieu ; l’érection de cette idole est, de toutes les chimères, la plus odieuse, la plus ridicule, la plus dangereuse et la plus méprisable ; cette fable