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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/261

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indigne, née chez tous les hommes de la crainte et de l’espérance, est le dernier effet de la folie humaine. Encore une fois, c’est méconnaître la nature que de lui supposer un auteur ; c’est s’aveugler sur tous les effets de cette première puissance, que d’en admettre une qui la dirige, et vous ne verrez jamais que des sots ou des frippons admettre ou croire à l’existence d’un Dieu ; le prétendu Dieu des hommes n’est que l’assemblage de tous les êtres, de toutes les propriétés, de toutes les puissances ; il est la cause immanente et non distincte de tous les effets de la nature ; c’est parce qu’on s’est abusé sur les qualités de cet être chimérique, c’est parce qu’on l’a cru tour-à-tour bon, méchant, jaloux, vindicatif, qu’on a supposé de là qu’il devait punir ou récompenser ; mais Dieu n’est que la nature, et tout égal à la nature ; tous les êtres qu’elle produit sont indifférens à ses yeux, puisqu’ils ne lui coûtent pas plus à créer l’un que l’autre, et qu’il n’y a pas plus de mal à détruire un bœuf qu’un homme. Et votre systême sur l’ame, quel est-il, madame, demanda Clairwil ; car votre philosophie s’accorde trop avec nos principes, pour que nous n’aimions