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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/276

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fus long-tems avant que de m’endormir ; un rêve affreux vint troubler mes sens ; je crus voir une figure épouvantable, embrâsant d’un flambeau mes meubles et ma maison : au milieu de cet incendie, une jeune créature me tendait les bras… cherchait à me sauver, et périssait elle-même dans les flammes. Je m’éveille en songe, la prédiction de la sorcière se présente aussitôt à mon esprit : où le vice cessera, m’a-t-elle dit, le malheur arrivera. Oh ciel ! je suis perdue, j’ai cessé un instant d’être vicieuse ; j’ai frémi d’une horreur proposée ; le malheur va m’engloutir, cela est sûr… Cette femme que j’ai vu dans mon songe, c’est ma sœur, c’est la triste Justine avec laquelle je me suis brouillée, parce qu’elle a voulu suivre la carrière de la vertu ; elle s’offre à moi, et le vice s’affaiblit dans mon cœur… Fatale prédiction… et toi qui pourrais me l’expliquer, tu disparais au moment où j’ai besoin de tes conseils. J’étais encore dans mon lit, affaissée de ces terribles réflexions, lorsqu’un inconnu entre sans être annoncé, me remet un billet et se sauve. Je reconnais l’écriture de Noirceuil… « Vous êtes perdue, me mande-t-il, je n’aurais