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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/290

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de lui-même, et vous n’avez bâti que sur le sable. La vertu n’est point utile à l’homme ; et le Dieu que vous établissez sur elle, est la plus absurde de toutes les chimères ; l’homme, créé par la nature, ne doit écouter que les impressions qu’il en reçoit ; et quand il dépouillera cet organe de tous les préjugés de son existence, il n’y trouvera jamais, ni la nécessité d’un Dieu, ni celle de la vertu. Mais il faut feindre, je le dois au malheureux état où le sort me réduit ; la main de Lorsange m’est indispensable pour rentrer dans la carrière de la fortune ; emparons-nous en, à quelque prix que ce puisse être… que la feinte et la fausseté soient toujours mes premières armes ; la faiblesse de mon sexe les lui rend urgentes, et mes principes particuliers doivent en faire la base de mon caractère.

Je m’étais fait, depuis long-tems une assez grande habitude du mensonge, pour pouvoir en imposer avec facilité dans telles circonstances que ce put être, j’eus l’air de me rendre aux conseils de Lorsange ; je cessai de recevoir du monde chez moi ; chaque fois qu’il y venait, il me trouvait toujours seule, et ses prétendus progrès sur mon