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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/291

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ame furent tels, qu’on me vit bientôt à la messe ; Lorsange donna dans le piège ; vingt mille livres de rente me furent reconnues, et je l’épousai six mois après mon arrivée dans la ville d’Angers. Comme j’avais assez bien pris dans ce pays, et que mes anciennes erreurs n’y étaient sues de personne, le choix de monsieur de Lorsange fut généralement applaudi, et je me vis bientôt à la tête de la meilleure maison de la ville. Mon hypocrisie me redonnait une aisance, que m’avait enlevée la crainte du crime,… et voilà donc encore une fois le vice au pinacle. Oh ! mes amis, l’on a beau dire, il y sera toujours, tant qu’il y aura des hommes.

Je ne vous parlerai point de mes plaisirs conjugaux avec monsieur de Lorsange ; le cher homme n’en connaissait que de simples comme son esprit : ignorant en lubricité comme en philosophie, pendant les deux années que j’eus le malheur d’être sa femme, le pauvre diable n’imagina seulement pas une recherche : excedée de cette monotonie, je desirai bientôt quelques distractions dans cette ville, le sexe m’était assez égal, et pourvu que je trouvasse de l’imagination, l’objet m’était indifférent. Mes recherches