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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/292

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furent longues ; l’éducation sévère des provinces, la rigidité des mœurs, la médiocrité de la population, celle des fortunes, tout entravait mes démarches, tout mettait des obstacles à mes plaisirs. Une jeune personne de seize ans, fort jolie, fille d’une vieille amie de mon époux, fut la première que j’attaquai. Caroline, séduite par l’immoralité de mes systêmes, céda bientôt à mes desirs… Un jour que nous fûmes nous baigner ensemble, je la fis décharger dans mes bras… Mais Caroline, qui n’était que belle, pouvait-elle fixer quelqu’un qui, comme moi, ne bandait que d’imagination ; la pauvre enfant n’en avait pas du tout : je la laissai bientôt là pour une autre, et celle-ci pour une troisième. Je trouvais d’assez jolies personnes, mais des têtes d’un froid… pas le plus léger écart, O Clairwil, que je te regrettais ! combien tu manquais à mon bonheur ! On a beau dire, celui qui aime le vice… qui le chérit depuis son enfance ou par goût ou par habitude, celui-là, dis-je, trouvera toujours bien plus sûrement sa félicité dans la continuelle pratique de ses habitudes dépravées, que n’en pourra rencontrer celui qui n’a jamais frayée que l’en-