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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/293

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nuyeuse route de la vertu : j’essayai des hommes ; je ne fus guère plus heureuse : j’en étais au dixième, lorsqu’un jour, me trouvant à la messe, à côté de mon vertueux époux, je crus reconnaître, dans le célébrant, ce certain abbé Chabert, avec lequel, j’avais eu quelques liaisons dans la société des Amis du Crime… garçon charmant, que vous voyez encore aujourd’hui chez moi : jamais la messe ne m’avait paru si longue ; elle finit enfin. Monsieur de Lorsange se retire ; j’affecte de rester pour quelques prières. Je fais demander le prêtre qui vient d’officier… il vient… c’était Chabert. Nous passâmes promptement dans une chapelle isolée ; et là, l’aimable abbé, après s’être mille fois félicité du bonheur qu’il avait de me revoir, me dit que de gros bénéfices qu’il possédait dans ce diocèse, l’obligeaient à dissimuler, mais que je ne devais pas être la dupe des singeries où sa politique le contraignait ; que sa façon de penser…… ses habitudes étaient toujours les mêmes, et qu’il m’en donnerait des preuves quand je voudrais. De mon côté, je lui racontai mon histoire ; n’étant, lui, que depuis huit jours dans cette ville, il ignorait que j’y fusse, et il me pressait vive-