Aller au contenu

Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/297

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rompue ; qu’on se prépare, en s’y livrant, des remords éternels, et des remords d’autant plus affreux, qu’il est des sortes de maux qu’on ne peut jamais réparer… Il ne me dira pas comme vous, que je peux tout faire… que je n’ai rien à craindre ; il n’encouragera pas mes égaremens, par l’espoir de l’impunité ; il ne m’applanira pas la route de l’adultère et de la sodomie ; il ne m’encouragera pas à tromper mon époux… un époux sage… vertueux, qui se sacrifie pour sa femme… Oh ! non, non, il n’effrayera, au contraire, par les grandes terreurs de la religion ; il me rappellera, comme le vertueux Lorsange, un Dieu, mort pour me préparer la grâce éternelle[1] ; il me fera sentir combien je suis coupable en négligeant de semblables faveurs… Mais, je l’avoue, mon cher abbé, celle qui est aussi libertine… aussi scélérate que tu me connus autrefois, enverrait au diable celui qui lui

  1. Un Dieu mort. Rien n’est plaisant comme cette incohérence de mots du dictionnaire des catholiques : Dieu, veut dire éternel ; mort, veut dire non éternel. Imbécilles chrétiens, que voulez-vous donc faire avec votre Dieu mort ?