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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/299

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dignes de l’être, par le caractère de crimes ou de singularités qu’elles porteront.

Revenons maintenant sur quelques détails essentiels. Onze mois après mon mariage avec monsieur de Lorsange, je lui lançai, pour fruit de son premier hymen, une petite fille charmante, à laquelle, par politique, je m’efforçai de donner le jour. Ce procédé était essentiel ; il fallait fixer sur ma tête la fortune de celui qui m’avait donné son nom. Je ne le pouvais sans un enfant… mais était-il bien de mon vertueux époux… voilà ce que vous voulez savoir, n’est-ce pas, curieux importun ?… Eh bien ! trouvez bon que je vous fasse ici la réponse de la Polignac à son mari, sur une question aussi indiscrette… Oh ! monsieur, quand on se frotte sur un fagot de roses, comment savoir qu’elle est celle qui nous a piqué ? Mais que tout cela faisait-il ? Lorsange prit tout et ne refusa rien ; l’honneur et les charges de la paternité lui restèrent, en fallait-il d’avantage pour mon avarice ? Cette petite fille, que mon époux nomma Marianne, finissait sa première année, et sa mère sa vingt-quatrième, lorsque les plus solides réflexions m’engagèrent à quitter la France. J’avais reçu