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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/306

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duc de Chablais, qui m’attendait à souper.

Après une de ces toilettes voluptueuses où je savais si bien embellir la nature par la main savante de l’art, j’arrivai chez Chablais, pour lors âgé de quarante ans, et connu dans toute l’Italie par des recherches libidineuses dans les plaisirs de Vénus. Le maître du logis était avec un de ses courtisans, et tous deux me prévinrent que je devais m’attendre à leur faire la chouette. Dépouillez-vous de ces parures, me dit le duc, en me conduisant dans un très-élégant cabinet ; l’art cache si souvent des défauts que désormais avec les femmes nous sommes déterminés mon ami et moi, à ne vouloir que des nudités ; j’obéis : on ne devrait jamais être vêtue quand on possède un aussi beau corps, me dirent mes assaillans, c’est l’histoire de toutes les françaises, dit le duc, leur taille et leur peau sont délicieuses, nous n’avons rien de semblable ici, et les libertins m’examinaient, me tournaient et me retournaient, en se fixant néanmoins de manière à me laisser bientôt soupçonner que ce n’était pas sans raison qu’on accusait les Italiens de prédilection pour les charmes méconnus de M. de Lorsange.