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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/339

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vres que vous voyez ici, ne sont que le reste des créatures que je dévore ; je ne me nourris que de chair humaine ; j’espère que vous serez contens du régal que je compte vous en faire, et l’on a tué pour notre souper un jeune garçon de quinze ans, que je foutis hier, et qui doit être délicieux. Après dix ans de voyage, je revins faire un tour dans ma patrie ; ma mère et ma sœur vivaient ; j’étais héritier naturel de tous deux : ne voulant plus remettre les pieds en Moscovie, je crus essentiel à mes intérêts de réunir ces deux, successions. Je les violai et les massacrai dans le même jour ; ma mère était encore fort belle, aussi grande que moi ; et quoique ma sœur n’eut que six pieds, c’était bien la plus superbe créature qu’il fût possible de voir dans les deux Russies. Je recueillis ce qui pouvait me revenir de ces héritages, et me trouvant près de deux millions à manger tous les ans, je repassai en Italie avec le dessein de m’y fixer ; mais je voulais une position singulière, agreste, mystérieuse, et dans laquelle je pus me livrer à tous les perfides égaremens de mon imagination ; et ces égaremens ne sont pas légers, mes amis, pour peu que nous pas-