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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/368

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me, et le rend par ce moyen, bien plus propre aux grandes actions : de ce moment, le vol et le meurtre s’érigent en vertu ; et chez les seules nations où cela arriva, l’on vit de grands traits, et de grands hommes.

Au Kamtchatka, le meurtre des étrangers est une bonne action.

Les nègres de Louango portent plus loin l’horreur qu’ils ont pour les vertus hospitalières ; ils ne souffrent même pas qu’on enterre un étranger dans leur pays.

L’univers entier, en un mot, nous offre des exemples de là haine des peuples qui l’habitent, pour les vertus hospitalières ; et nous devons conclure de ces exemples et de nos réflexions, qu’il n’est rien, sans doute, de plus pernicieux… de plus contraire à sa propre énergie et à celle des autres, qu’une vertu dont l’objet est d’engager le riche à accorder au pauvre un asile, dont celui-ci ne profitera jamais qu’à son détriment et à celui de l’individu qui le lui offre. Deux seuls motifs attirent les étrangers dans un pays, la curiosité ou le desir de faire des dupes ; dans le premier cas, il faut qu’ils payent ; dans le second, il faut qu’ils soient punis.

O Minski, répondis-je ! vous me persuadez :