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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/370

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espèce de lien : car les services n’ont plus qu’une action passée, et celle qui les a rendus n’a plus aucune sorte d’action. Il n’y a donc qu’illusion, que chimère, entre l’une et l’autre de ces choses ; le seul sentiment qui pourrait nous rester, serait celui de la reconnaissance ; et vous savez que la reconnaissance ne saurait exister dans une ame fière : celui qui refuse un service d’un autre, ou qui l’ayant reçu s’imagine ne rien devoir, parce que l’action n’a servi qu’à l’orgueil du bienfaiteur ; celui-là, dis-je, est bien plus grand que celui qui, s’enchaînant à ce bienfaiteur, lui prépare le plaisir de le traîner à son char comme une victime triomphale ; je vais plus loin, et peut-être vous l’a-t-on déjà dit ; mais on doit desirer la mort du bienfaiteur avec lequel on ne s’est pas acquitté ; fut-on même jusqu’à la lui donner, je ne m’en étonnerais pas. Oh ! Juliette, comme l’étude et la réflexion servent à connaître le cœur de l’homme ; et comme on desire braver ses principes dès que l’on connaît bien celui qui les créât, car tout est à l’homme, tout vient de l’homme, et de quel droit voulez-vous me faire respecter, ce qui n’est l’ouvrage que de mon