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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/71

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nets, et il était impossible de se refuser à ces desirs ; ceux des membres de la société devenaient des loix pour l’individu qui en était l’objet. Celui-ci bientôt en faisait autant : il ne se voyait là que des despotes et des esclaves ; et ces derniers, consolés par l’espoir de changer à l’instant de rôle, ne balançaient jamais à se plier aux soumissions qu’ils retrouvaient bientôt leur tour.

La présidente, élevée dans une chaire, d’où elle dominait sur tout, maintenait l’ordre au souper, comme au salon ; et le même calme y régnait. Le ton des conversations y était extrêmement bas ; on s’y croyait dans le temple de Vénus, dont la statue se voyait sous un bosquet de myrthes et de roses, et on s’appercevait là, que ses sectateurs recueillis, ne voulaient troubler leurs mystères, par aucunes de ces vociférations dégoûtantes qui n’appartiennent qu’au pédantisme et qu’à l’imbécillité.

Électrisés par les vins étrangers et par la bonne chère, les orgies de l’après souper furent encore plus luxurieuses que celles d’avant. Je vis un instant où tous les membres de la société ne formaient plus qu’un seul et unique grouppe ; il n’y en avait pas un qui