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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/103

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yeux… Voilà mon cœur, plongez y votre poignard, ne laissez pas subsister plus long-tems un monstre, qui a pu vous trahir à ce point ; je ne suis plus digne que de votre haine et de votre vengeance… Arrachez-moi la vie, ou je vais moi-même prendre ce soin ; et en prononçant ces paroles, elle se précipite sur le poignard d’Antonio ; mais celui-ci s’opposant à cette fureur… Non Laurence, non lui dit-il, tu ne mourras point ainsi, il faut que tu sois réservée à de plus grandes douleurs… que chaque jour ton crime à tes yeux présenté, te fasse mieux sentir l’aiguillon du remords. — Laurence : Antonio, je ne suis point une adultère ; au même instant où tu m’accuses, une secrète voix te parle en ma faveur… démêle la vérité… informe-toi ; à quelque point que tu me croyes un monstre… il en respire ici de plus affreux que moi ; connais-les avant de me condamner, démêle-les avant que de m’ôter ton cœur, et ne me méprise pas avant que d’être mieux éclairci ; j’ai été au jardin, accompagnée