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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/104

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de la seule Camille ; à peine étais-je arrivée sous le bosquet, qu’un assoupissement surnaturel est venu s’emparer de mes sens… On dit que tu m’as vue… que tu m’as vue dans les bras d’Urbain… que tu as tué Urbain… j’ignore tout… je n’ai éprouvé que des rêves horribles, et le plus profond sommeil. — Charles : quelle effronterie ! Camille, auriez-vous plongé par quelque philtre, votre maîtresse dans cette létargie dont elle n’a pu se défendre… Urbain… le malheureux Urbain dénué de toute espèce de fortune, vous a-t-il proposé de faire la votre pour obtenir de vous ce service ? et vous y êtes-vous prêtée ? — Camille : quelle que fortune que m’eût offert Urbain, seigneur, et m’eût-il rendue maîtresse d’un empire, eussai-je voulu l’obtenir au prix d’une telle infamie ?… mon âge… ma position, la confiance dont on m’honore dans cette maison, mon extrême attachement pour ma maîtresse, tout doit vous répondre de moi sans doute, et si vous cessiez de m’estimer, seigneur, je demanderais à me retirer sur-