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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/11

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lors dans cette contrée de l’Afrique, fit d’abord passer sourdement un petit corps de troupes, afin de vérifier ce qu’annonçait le comte. Ces troupes se joignent aux vassaux irrités de ce seigneur, elles en reçoivent des secours et sont à l’instant fortifiées par d’autres corps dont Muça croit devoir assurer les projets ; insensiblement l’Espagne est remplie d’Africains, et Rodrigue est encore dans la sécurité. Que pourrait-il, d’ailleurs ? Point de soldats, pas une place forte, toutes étaient démantelées, afin d’ôter aux espagnols les asiles dont ils eussent pu se prévaloir contre les vexations du prince ; pour comble de malheur, pas un denier dans les coffres. Cependant le danger s’augmente, le malheureux monarque est à la veille d’être culbuté de son trône ; il se souvient alors d’un monument antique, dans le voisinage de Tolède, que l’on appellait la Tour-Enchantée ; l’opinion commune y supposait des trésors, le prince y vole à dessein de les envahir, mais on n’entrait point dans ce ténébreux réduit ;