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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/36

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nel, et vois ce que tes crimes t’ont fait perdre, puisqu’ils te privent à jamais de l’approcher… À ces mots l’aigle s’abat sur la cime d’une des plus hautes montagnes de l’Asie. Nous voilà à mille lieues de l’endroit où je t’ai pris, dit le céleste ami de Jupiter ; descends tout seul cette montagne, c’est à son pied qu’existe ce que tu cherches, et il disparaît aussi-tôt. Rodrigue descend en peu d’heures la roche escarpée sur laquelle l’a déposé l’aigle. Il trouve au bas de la montagne une caverne fermée par une grille que gardaient six géans, de plus de quinze pieds de haut. Que viens-tu faire ici, demanda l’un d’eux ? Emporter l’or qui doit être dans cette caverne, dit Rodrigue. Il faut, avant que tu y parviennes, nous détruire tous les six, reprit le géant. Cette victoire m’effraie peu, répond le roi ; fais-moi prêter des armes. Des écuyers revêtent à l’instant Rodrigue. Le fier espagnol attaque vigoureusement le premier qui se présente, quelques minutes lui suffisent pour en triompher ; un second s’approche, il l’abat de même, et en moins