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Page:Say - Œuvres diverses.djvu/173

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égales, est le bien convenablement acquis ; or cette manière d’acquérir est toujours favorable à la société ; c’est une de ces vérités qui se présentent à chaque instant lorsqu’on étudie les moyens et les résultats de l’industrie.

L’Industrie ! Vous n’ignorez pas, Messieurs, les brillantes diatribes que J.-J. Rousseau a dirigées contre elle. Il serait peut-être superflu de les repousser si le style et l’éloquence de l’écrivain n’exposaient pas de jeunes esprits à leur accorder trop d’importance[1].

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Puissent ces considérations, Messieurs, vous affermir dans la noble résolution que vous avez prise d’être utile à la société par les efforts mêmes que vous ferez pour être utiles à vous-mêmes ! soyez certains qu’en cultivant l’industrie, vous travaillerez en même temps pour la morale et pour le bonheur ; pour le bien public et pour le bien particulier.

J’ose croire que les idées que vous puiserez dans cette enceinte vous seconderont puissamment. Celles que je me suis chargé d’exposer devant vous, ont de plus l’avantage de trouver des applications, quelle que soit la situation où l’on se trouve placé dans le monde. Elles complètent l’éducation, et servent aux personnes même qu’une fortune acquise dispense d’un travail assidu. Il faut une sorte d’art pour administrer la fortune la mieux établie ; il en faut même pour bien dépenser ses revenus. Combien de gens sont loin de retirer tout l’honneur et tout l’agrément qu’ils seraient en droit d’attendre de leur position ! ce n’est pas tout encore : la connaissance de la vraie nature des choses ; qu’on obtient par la méthode que j’ai décrite), l’explication d’une foule de phénomènes que présente le cours ordinaire de la vie, la faculté de prévoir l’issue d’une foule d’opérations et d’événements que le vulgaire se borne à regarder passer, suffisent pour procurer une satisfac-

  1. L’auteur donne, en cet endroit, le texte d’un passage du Discours sur l’inégalité, qui se trouve rapporté également p. 52 des Considérations générales, précédant le Cours ; puis il se rencontre, dans le manuscrit, une lacune de cinq feuillets qui ont été employés, selon toute apparence, p. 53 et 54 des mêmes Considérations. En effet, l’on sait, par une table analytique jointe à ce manuscrit, que ces pages n’étaient que le développement des propositions suivantes : « L’homme sauvage n’est pas plus fort que l’homme civilisé, même désarmé. — L’homme de la nature n’est pas l’homme sauvage, mais l’homme civilisé. — Les arts ne le corrompent pas : ils donnent une diversion utile à son inquiétude naturelle. — La perfection n’est pas de n’avoir aucun besoin, mais de savoir les satisfaire. » (E. D.)