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Page:Say et Chailley-Bert - Nouveau dictionnaire d'économie politique, supplément.djvu/125

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ANCIENNK


111 — COLONISATION ANCIENNE


dans le pays et cmbinssô la reli^’ion iiiusul- mano. Ils y ont prohalilt’iiicnl Iroiivt’’ une cer- taine garantie pour rindt-pcndiiiiti’ de leurs laniillcs. On est cependant tl’accord pour prétérer le régime Inrr qm no reconnaît, en principe, aucun droit d<  ; projiricté aux indi- vidus, mais qui, nt’-annioius, ni ;il  :.’ré le droit formel de pro|)riété du gouvernement ou des moscjuées (terres de rakouf, constituant presque la moitié des terres en Tunjuie), par son droit d’usage héréditaire, oITre réel- lement aux individus plus de garanties et plus de liberté que ne le fait le régime de la zadroinja. l/administration autrichienne s’occupe d’introduire les principes générale- ment usités en Europe de la propriété indi- viduelle, principe dont on reconnaît même en Turquie, quoique à des déférés difl’éreuls, la nécessité.

Aux Indes, dans cette gi’ande région civi- lisée de l’Asie qui est gouvernée par des Européens, les conquêtes musulmanes et le despotisme oriental ont eu pour conséquence que ceux qui détenaient le pouvoir se sont attribué en même temps tous les droits de propriété qu’il leur convenait de posséder. Ce fait explique, plus qu’aucun autre, les procédés que l’on a suivis pour l’organisation terrienne. Les anciennes lois de Manou parlent des cultivateurs comme propriétaires indépendants et ayant cliacun sa terre à lui. Des conquêtes consécutives avaient bien modilié l’ancienne situation. Les (Jrands Mogols avai(Mit, de leur cùté, commencé par laisser subsister l’organisation telle qu’ils la trouvaient, mais, par suite de la corruption et de toute la décadence de leur pouvoir, ils laissèrent plus tard des intermédiaires de diverses sortes occuper le véritable pouvoir sur les terres. C’est cette situation que trou- vèrent les Anglais lorsqu’ils arrivèrent dans le pays. Les Indes oil’rent cependant un intérêt tout particulier (et c’est d’ailleurs la raison qui nous en fait parler ici) à cause de la place qu’y occupe le village dans l’orga- nisation économique, entre les mains de ceux qui gouvernent  ; il est un instrument dont ils se servent pour tirer, du cultivateur, un important revenu.

Dans les parties monlagneusef  :, dans l’Hima- laya, par exemple, il n’y a que des habitations séparées ou tout au plus dos hameaux formés d’un très petit nombre déniaisons. De même dans les parties tout à fait tropicales qui produisent une végétation luxuriante, on ne trouve que de petits jardins défrichés et cul- tivés séparément. Mais, en général, dans les idaines, il y a des villages. Ils ont une grande cohésion chez les tribus guerrières du Nord- Ouest et spécialement dans le pays des cinq


fleuves, le Iv-njab. Ils ont é-té établis par les races venues [lostériourement aux races arvennos qui ont conquis le hongalo, parfois même jtardes races qui n’élai<nt pas aryennes. Il y a dos villaf-’os (|ui ont été créés par des conquérants qui cultivaient eux-mêmes les terres, dautros qui ont été créés par des conquérants propriétaires ou demi-proprié- taires qui l’aisaiont cultiver par des hommes d’une autre race intérieure comme fermiers. Ces villages de ITode ont une étendue qui no dillère pas beaucoup do celle des villat ;es d’Europe  ; dans lo Penjab, ils ont une étendue moyenne de OiJO acres  ; dans los pro- vincescentrales,do 1300  ; dans les provinces du .Nord-Ouost et dans l’Oude, pays très b.itile, bar étendue moyenne n’est que de 600 acres. Les communautés de villages possèdent, dans le Penjab et dans les provinces du Nord-Ouest, les 9/10 des terres  ; dans le Penjab seul, elles occupent 48 millions et demi d’acres  ; mais, comme nous l’avons dit, les terres sont sou- vent cultivées en partie par des tenanciers. Dans les provinces du Centre, les nombreux villages sont le plus souvent la propriété d’un particulier. Partout, los cultivateurs possesseurs dos villages sont, le plus souvent, soumis à la direction d’un ou de plusieurs individus dont les fonctions son tgénéraloment héréditaires, même s’ils ne sont pas pro- priétaires. Ceux qui sont propriétaires le sont devenus parfois grâce à l’emfiloi de ces fonctions héréditaires, quelquefois parce qu’ils descendent des anciens conquérants qui avaient obtenu le droit de propriété, enfin [lar les titres que leur ont conféré les Anglais mêmes. Il y a, dans les villages, des fonctionnaires héréditaires, le comptable, le garde, le forgeron et d’autres artisans. En dehors de la communauté de village, il y a le plus souvent des habitants qui appar- tiennent à une classe servile, et qui peuvent occuper une petite terre, mais sans avoir aucune part dans les droits communs, par exemple les droits aux pàturai^es et autres terres incultes. On a essayé d’établir, mais sans succès, l’identité de l’ancien village teu- tonique et des villages actuels des Indes. Ces derniers sont plutôt des exemples de l’élas- ticité avec laquelle les institutions peuvent s’adapter aux circonstances et surtout aux exigences fiscales. Ce sont en effet celles-ci qui ont le plus contribué à la conservation et aussi à la formation des liens qui unissent les habitants de ces villages. Comme ces villages sont, en quelque sorte, des instru- ments de perception des redevances, il fallait plutôt s’attendre à leur trouver une ressemblance avec le mir russe. Quelques auteurs croient aussi trouver, comme formes


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