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Page:Say et Chailley-Bert - Nouveau dictionnaire d'économie politique, supplément.djvu/161

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ANC.LAlSfc  :


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ÉCOLE ANGLAISE


volution industrielle lit  ; doivent «luo pou de cliosu aux écoles ulloiuandes. Toutefois M. le professeur Cunningharn dans son llistuire de l’industrie et du comniPne en Anijlelcrre (1892) et M. le professeur Asliloy dans son Histoire ccononiique (1888-1893) s’y rattachent, et les jouncs économistes historitjues an^’lais les plus récents (M. le professeur donner et .M. llewins) reconnaissent les obligations (ju’ils ont conlraclées envers les écoles alle- mandes.

2" Ce qui constitue peut-être le caractère spécial et distinctif de l’économie politique anf,’laise conteniiiorainc, c’est le soin méti- culeux avec lequel elle s’est vouée à élucider la lliéorie de la valeur  ; l’honneur en revient à Jevons (183o-1882), le premier économiste anf,’lais de son époque. Réagissant avec énergie contre la pré|Jondérance attribuée par Hicardo et par Mill au coût de la pro- duction, et cessant de se placer au point de vue de l’offre, il étudia cet ordre de phéno- mènes au point de vue de la demande  ; ce dernier point de vue lui semblait fournir une explication exacte des lois de la valeur en rapport avec les degrés variables de l’utilité. Il se produisit ainsi dans le développement des idées économiques, une solution de continuité que M. le professeur Marshall, de Cambridge, a depuis comblée par ses Principes économiiiw^s {’6" édition, 189 ;j). M. Marshall est le chef incontesté de l’école moderne an- glaise  : il a rassemblé tous les résultats acquis de l’œuvre scientifique du passé, les a refondus et il y a ajouté des compléments personnels aussi originaux qu’importants. Mathématicien consommé, l’étude qu’il a faite de bonne heure des œuvres de Cournot et de Von Thûnen l’avait excellemment pré- paré à la tâche de perfectionner les doctrines de Jevons. En réalité, sa critique de Hicardo et de Mill est plus approfondie que celle de Cairnes  ; mais moins sec que ce dernier, il parait plus près de l’école classique qu’il ne l’est en ellet. Toutefois ses conclusions marquent un pas en avant bien plus qu’une séparation radicale. Acceptant à la fois la théorie de la valeur en tant qu’elle dépend du coût de la production et celle qui se fonde sur lutilité, il les a combinées dans sa pro- pre théorie de la coïncidence des deux fac- teurs, l’offre et la demande. A la vérité, cette formule déjà vulgarisée par Mill même était devenue un véritable lieu commun, mais grâce à. M. Marshall, elle a pris une tout autre valeur analytique et doit être considérée comme un i)rcmier principe lumineux éclai- rant tout le domaine de l’économie politique  ; elle n’est plus un banal  : « Sésame, ouvre-toi » à l’usage d’un Laissez-faire superficiel et im-


puissant. Son application ’i la détermination des rôles à assigner aux différents agents di  ; la production a conféré une symétrie logique à l’exposé des principes. Il faut signaler encore sa théorie de la rente du consomma- teur et de l’action considérable qu’exerce la durée sur les phénomènes de transforma- tion économique, (iràce à son enseignement, son influence, tant directe que transmise par ses anciens élèves, n’a été surpassée par celle d’aucun autre économiste anglais. M. le professeur Edgeworth, d’Oxford, a aussi employé et développé la méthode ma- thématique dans sa Psychique mathématique (18Si-) et dans les remarquables articles qu’il a publiés dans des recueils de sociétés savantes et en particulier dans VEconomic Journal, organe trimestriel de la British Economie Association. M. Edgeworth, rédac- teur en chef de cette revue, est également très connu par ses travaux originaux sur les bases philosophiques de la statistique qu’il justifie par les calculs mathématiques. MM. Wicksteed, Flux, H. Cunynghamme et d’autres encore ont pratiqué la méthode ma- thématique. M. le professeur Smart, de Glas- gow, a été l’interprète accrédité de recelé autrichienne dont il a publié des traductions. Mais l’ascendant de cette école d’abord si- gnalée aux Anglais par M. Bonar n’a pas éclipsé celui de Jevons.

Le côté philosophique de la théorie écono- mique a été mis en lumière par M. le profes- seur Sidgwick dans ses pénétrants traités sur Y Economie politique (IHSl) et sur la. Politique (1891), par le docteur Keynes dans l’ouvrage déjà cité et par M. Bonar dans son savant volume sur les Rapports historiques entre la philosophie et l’économie politique (1893). La littérature économique s’est encore enrichie de l’ouvrage de M. Bonar sur Mallltus (1885), de son édition des Lettres de Ricardo à Mal- </tus (188") et du Catalogue de la bibliothèque d’Adam Smith (1894), de VHistoire de Céco- nomie politique du docteur Ingram (1887), de l’Histoire des théories de la production et de la distribut’ion en Anqleterre de 1776 «1848, par M. Cannan (1893), du Socialisme contempo- rain et de la Vie d’Adam Smith de M. John Rae  ; mentionnons aussi les passages d’His- toire doctrinale dans l’Histoire du Commerce de l’Angleterre du docteur Cunynghame.

Les théories de M. Macleod sur le crédit sont fort démodées aujourd’hui et sa répu- tation de théoricien est loin d’avoir grandi, mais il a fait preuve d’une érudition étendue dans le Dictiunnaire d’Économie politique, encore incomplet, qu’il s’est proposé d’écrire à lui tout seul. Ses érrits sur les Banques sont estimés, et de même que l’Eisai sur les


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