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Page:Say et Chailley-Bert - Nouveau dictionnaire d'économie politique, supplément.djvu/162

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ANGLAISE


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ÉCOLE CHRÉTIENNE


changes étrangers de M. Goschen et que le traité des Finances publiques (2^ édit. 1895) de M. le professeur Baslable de Dublin, ils sont très connus à l’étranger. Après avoir traité de la Monnaie et des sujets qui s’y rapportent, et avoir publié une édition nou- velle de VEssai sur la richesse des nations, !\1. le professeur Nicholson, d’Edimbourg, vient de faire paraître le premier volume d’un traité d’Économie politique (1893) consacré à dé- fendre avec beaucoup de verve plusieurs des doctrines anciennes, après leur avoir fait subir l’alliage des résultats obtenus par les recherches historico-économiques modernes. A des connaissances bibliographiques sans rivales, M. le professeur ^"’oxwell de Londres et de Cambridge unit une science financière et monétaire qui apparaît dans sa brochure sur Y Irrégularité dans V emploi du travail et les fluctuations des prix. Ses articles sur le Monopole dans la Revue d’Économie politique, sur le Bimétallisme dans la Contcmporary Review, sur la Justification sociale de l Intérêt de l’argent dans le Journal de l’Institut des banquiers et aussi son article sur le Mouve- ment économique en Angleterre s restentmalheu- reusement perdus dans les livraisons de revues périodiques. Us prouvent que les fruits de l’activité scientitique anglaise de- meurent trop souvent disséminés et ne se présentent pas assez sous forme de livre. Cependant l’étendue des connaissances de cet auteur, la clarté de son esprit et la sûreté de son jugement lui valent une grande réputation en Angleterre. Citons encore les articles et les comptes rendus de M. L.-L. Price, également auteur de la Paix indus- trielle (1884) et d’une Courte histoire de l’Éco- nomie politique en Angleterre (1891), les ou- vrages de M’^*^ Potter (aujourd’hui M’"’- Welib) sur le Mouvement coopératif, de M. et M’"’’ A> ebb sur les Trades’ Unions, de M. David Schloss sur les Méthodes de rémunération industrielle, de M. J. E. C. Munro, ainsi que les travaux de plusieurs autres écrivains de mérite.

Sir U. GifTen, le célèbre statisticien, a également abordé les études économiques dans ses écrits sur les marchés monétaires, et particulièrement dans ses Spéculatiojis de Bourse (1882), ses Essais sur les finances et sa Réfutation du Bimétallisme (1892). L’ouvrage de M. Charles Booth sur la Vie des Classes travailleuses à Londres, monument de persé- vérante énergie et de généreux dévouement, se recommande à la fois par ses vastes pro- portions et par son rare mérite. Ses récentes études sur les Pensions de la vieillesse ont par contre un caractère plutôt politique qu’écouomique. Bref, les études économiques jouissent en


Angleterre d’une santé robuste et vigoureuse. On s’y intéresse aux publications étrangères, on interroge les faits scrupuleusement  ; on constate par-dessus tout une ouA^erture d’es- prit inconnue il y a une trentaine d’années. La fondation toute récente de la LondoiiSchool of Economies dirigée par M. Hervins et le fait de la publication (non encore terminée) du Dictionnaire d’Économie politique, publication dirigée par M. Palgrave, l’attestent suffisam- ment, non moins que la liste de ses colla- borateurs, dont plusieurs représentent l’élite des jeunes économistes anglais.

Henry Higgs.

Bibliographie.

J. K. Ingram, Ilistory of Politicat Economy (1887). — LuiGi CossA, Introduction to the Stvdy of Political Econo- my (1803). — H. S. FoxwELL, The Economie movement in Enrjland (Quarterly Journal of Economies, 1887) et Bonab, Enr/lisfi School {Modem Economies) dans le Dictionary of Political Economy (1894). — G. Coh.n, Die heutige IVatio- nal Oekonomie in England dans le Jahrbuch du (irof. Sclinioller, Leipzig, 1889.

ÉCOLE CHRÉTIENNE PRIMITIVE ET ÉCOLE CANONIQUE. — Le culte de la pau- vreté avait été en honneur parmi les prophè- tes et les sectes juives qui s’inspiraient de leur esprit  ; ce culte, dont on retrouve l’écho dans les sermons deBossuet, fut Fàme du christianisme naisscint. Les premiers groupes chrétiens, véritables associations de secours mutuels, ne connaissaient ni riches, ni pauvres  ; tout était mis en commun, tout était à tous. L’exaltation du pauvre, le ra- baissement du riche en général et non pas seulement du mauvais riche, l’insouciance du lendemain, la confiance absolue en Dieu, les promesses pour l’au delà que Victor Hugo a résumées en un seul vers  :

Qui donne aux pauvres prête à Dieu,

dictent la règle de conduite qu’a prêchée Jésus et qui demeurera celle des chrétiens tant que, honnis et persécutés, ils auront à se serrer contre les attaques du dehors. Les apologistes et les Pères seront animés du même esprit  : « Nous apportons tout ce que nous possédons, écrit Justin, et nous parta- geons tout avec les pauvres ». « Tout est commun parmi nous, s’écrie TertuUien, tout, excepté les femmes ». Saint Ambroise atta- quera nettement la légitimité de la pro- priété individuelle  : « La terre a été donnée en commun aux riches et aux pauvres  ; pourquoi, riches, vous en arrogez-vous à a^ous seuls la propriété? » « La nature a rais en commun toutes choses pour l’usage de tous, ajoute-t- il encore. La nature a créé ledrc’.t commun  ; l’usurpation a fait le droit privé.» A Byzance, saint Jean Chrysostome, plus conciliant par


KCULE