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Page:Say et Chailley-Bert - Nouveau dictionnaire d'économie politique, supplément.djvu/214

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suivante du socialisme  : « Le socialisme est une tendance à modifier l’état présent sous l’impulsion d’une idée d’amélioration écono- mique et par la discussion et l’intervention des classes laborieuses. » Cette définition est vague et peu compromettante  ; elle est assu- rément inférieure aux critiques qui la précè- dent et qui, par leur profondeur, ne font point prévoir une telle conclusion. A la vé- rité, l’on sent bien que le critique positiviste ne tient pas compte, dans cette définition, de la condition historique d’où il tire son idée de tendance. Il oublie la condition biolo- gique la plus importante parce qu’elle est


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la cause efficiente de l’évolution sociale. C’est à « régulariser » cette condition en étudiant les lois du développement social que s’attache l’économie politique  ; or Littré ne s’est pas adonné, comme nous l’avons dit et ainsi que le démontre la nature de ses critiques, a une étude approfondie de cette science.

11 n’en reste pas moins un sociologiste, dans le sens scientifique du mot, et par la méthode et aussi parles analyses lumineuses quoique courtes qu’il nous a données sur les deux conditions (historique et biologique) du développement social.

André Liesse.


M


MANGOLDT (Hans von), né à Dresde en 1824, obtint en 1847 le grade de docteur en sciences politiques à Tubingue. Il entra dans le journalisme et fut ensuite attaché au ministère de l’Intérieur du royaume de Saxe, mais son caractère indépendant lui fit ofTrir sa démission lorsqu’en 1850, M. de Beust inaugura l’ère de la réaction politique. Après un nouveau passage par le journalisme. Mangoldt se tourna vers la carrière profes- sorale et s’étant fait connaître en 18oo par sa thèse sur le Profit des Entrepreneurs, il fut nommé Privat-docent et en 18o8, professeur extraordinaire des sciences économiques à Gœttingue. En 1862 il devint professeur titu- laire à Fribourg et mourut en 1868 à Wies- baden, où il était allé chercher le rétablisse- ment de sa santé ébranlée.

En dehors de la thèse citée plus haut, qui a fondé sa réputation, Mangoldt est l’au- teur d’un Résumé fondamental d’économie po- litique {Grwïdriss der Volkswirlhschaftslehre), 1863, dont une seconde édition posthume a été publiée avec des remaniements en 1873  ; d’un Traité d’économie politique (1868) {Volks- loirthschaftslehre], écrit pour une Bibliothèque des sciences commerciales et demeuré inachevé, et de plusieurs articles insérés dans le Dic- tionnaire des sciences jJoUtiques de Bluntschli et Brater.

Mangoldtfaisaitprofessionde ne méconnaî- tre les mérites d’aucune des différentes écoles économiques ;ence sens,il est éclectique. Tou- tefois, au lieu, comme la plupart de ses com- patriotes, de ne jamais abandonner l’étude d’un sujet sans l’avoir fouillé et retourné dans tous les sens, il a une manière d’écrire nette et incisive et une méthode par-dessus


tout logique et déductive qui lui assignent une place à part parmi les économistes allemands, ses contemporains. Dans son Cours résumé abondent les définitions mar- quées au coin d’un esprit lucide, pénétrant et ingénieux. En Allemagne, il est considéré comme ayant renouvelé la théorie scienti- fique du Proftt des Entrepreneurs.

Pour lui, comme pour J.-B. Say, les entre- prises se distinguent essentiellement des autres affaires commerciales par les risques de la production que le producteur y prend à sa charge. Leur développement exerce une influence extrêmement favorable sur la pro- duction  : 1° en lui faisant fournir des pro- duits considérablement perfectionnés  ; 2° en réduisant notablement les frais de la produc- tion  ; 3" en la mettant à même de satisfaire sur l’heure à toutes les demandes de la con- sommation qu’elles prévoient et estiment à l’avance, et 4" en rendant possible la faliri- cation en masse d’objets qui, produits iso- lément, reviendraient trop cher.

Quant au profit ou bénéfice de l’entrepre- neur [Unlernehmers geivinn), il constitue pour Mangoldt une rente dépendant du ré- sultat de la production  ; cette rente n’a rien de commun avec les salaires, l’intérêt des capitaux engagés et la prime d’amortisse- ment, qui sont des revenus stipulés d’avance  ; le bénéfice est un revenu non stipulé et sous condition des résultats de l’entreprise. Il représente le prix que le public paie les services rendus par l’entrepreneur, prix qui oscille autour d’un taux moyen déterminé par le rapport entre l’offre et la demande des services à rendre par les entrepreneurs. A l’objection que les taux des profits et de


MAlil.