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Page:Say et Chailley-Bert - Nouveau dictionnaire d'économie politique, supplément.djvu/215

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linltirèt tendent souvent à monter ou à bais- ser simulliUK^rncnt, Manf^olilt rùpond que ce sont là de simples cas d’analo ;j ;ie, mais iiiillemoiit d’identité  : un même trait du caractère humain, le désir de se procurer un avantaj^c futur au jtrix d’un sacrilice l)réscnl, sutTil d’ai)rès lui à cxplitiuor cette concomitance. Ouoi (ju’il en soit, Man<,’o!dt lire de son principe général le corollaire pratique que la participation des ouvriers aux bént’lices industriels repose sur une idée fausse et (ju’elle ne pourra jamais exis- ter (ju’à l’état d’excejttion.

MÂRLO (de son vrai nom Charles-Georges \ViNKi :i,ULi  :( ;ii)na<iuitprès de Mayence en 1810, s’adonna aux sciences naturelles et fut nom- mé en 1843 professeur de chimie à l’école professionnelle supérieure de Cassel, oîi il mourut en 1805. C’est au cours d’un voyage technique en Norvège que son attention se porta pour la première fois sur les problèmes cjui se rattachent à l’état des classes ou- vrières, et qu’il forma le projet de les aborder dans toute leur ampleur. Il se mit à l’ouvrage et publia de 18o0 à lNo9,sous le pseudonyme de Karl Marlo les trois premiers volumes de ses Iterlierc.lies sur iorganmition du travail ou système d’économie universelle {Untcrsuchuti- f/cn nber die Organisa(io7i der Arbeit oder System der Weltœkoiiomie). Une seconde édi- tion en quatre volumes a paru à Tubingue en i 884-1 886  ; mais, dans l’une comme dans l’autre édition, l’œuvre, conçue sur un plan trop vaste, est demeurée inachevée. Elle passa à peu près inaperçue à l’époque de sa publication. C’est M. Schaeflle qui, dans son Kapitalismus und Sorialismus, l’a mise en lumière.

Les critiques allemands reconnaissent que Mario s’est visiblement inspiré de Fourier et de Louis Blanc  ; ils lui décernent l’éloge d’être en Allemagne le premier penseur à tendances socialistes qui ail élaboré une u’uvre d’ensemble d’un caractère scienti- lique. La première partie est historique  ; il y est traité d’abord de l’organisation du Iravail chez les grandes nations européennes ainsi qu’aux États-Unis d’Amérique, et en- suite du degré de leur préparation psycho- logique à la transformation de cette organi- sation dans un sens socialiste. Mario n’y dissimule pas son aversion pour la plouto- cratie qu’il accuse d’offrir une résistance opiniâtre à toute tentative de réforme so- ciale.

Dans la seconde partie plus particulièrement doctrinale, Mario se montre socialiste, mais socialiste modéré et accommodant, sachant, comme le dit M. Block dans son Proyrès des


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sciences dconomigiies, tenir compte de la iiaturedes choses, et admettant, par exemple, <iue la concurrence l’emporte sur la iru\<-- mentation en stimulant la productiviti- gé- nérale au lieu de l’engourdir. Cependant la libiTté de la concurrence a fatalement pour lui le vice d’engendier des monopoles im- moraux, tandis que le progrès consiste à racheminement des sociétés humaines vers un état d’association générale jiour la vente des produits, ce qui n’exclurait pas d’ail- leurs le suprême épanouissement de l’indi- vidualité au sein d’une société qui aurait atteint le maximum du bonheur moral. Le droit de tous à l’exploitation de la terre et des biens naturels doit préparer la réalisa- tion de cet idéal et se manifester par la fédération ou l’association universelle de tous les agents, physiques ou intellectuels, de la production. Toutefois Mario ne va pas jusqu’au bout des déductions logiques de ses prémisses, car l’économie sociétaire qu’il préconise n’exclut pas toute entreprise pri- vée  ; il lui abandonne les métiers propre- ment dits, l’agriculture et l’élève du bétail, ainsi que le petit commerce et l’industrie des transports dans un sens très restreint. 11 réserve aux entreprises publiques  : l’ex- ploitation forestière et minière, la chasse et la pèche, les canaux et les chemins de fer. les postes, le commerce de toutes les ma- tières premières et de tous les produits sus- ceptibles d’être exposés en vente dans des halles publiques, la création d’un Schaffamt ou oflice de renseignements statistiques sur tout ce qui intéresse la production, les ins- titutions de crédit, les banques, l’assistance publique et l’enseignement populaire. Sauf le commerce en grand, il est déjà arrivé à plus d’un Ktat de mettre la main sur la plus grande partie du reste  : cette attribution à l’État du commerce en grand constitue donc la seule partie absolument nouvelle du pro- gramme de .Mario. Mario ne prétend pas non plus supprimer le droit de propriété privée  ; il se contente de chercher à arrêter la croissance désordonnée des fortunes fon- dées sur des monopoles de fait ou de droit. Sur la question de la population, il se sé- pare nettement de la plupart des écrivains socialistes. Tandis que Marx par exemple traite Malthus d’écolier plagiaire et superli- ciel, qu’il soutient la non-existence d’une loi abstraite de la population, sauf pour les animaux et les végétaux, Mario considère la question de la population comme la plus grave de toutes les questions économiques. « Quiconque, écrit-il, ose promettre au peuple la tin de ses souffrances et ne restreint pas son droit à se reproduire à l’excès, fait


MOESER