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RURALES (CLASSES)


On compare la grande masse des cultiva- teurs dans les grands pays de l’Est, y compris le Japon et même l’Europe orientale, avec les grandes masses des cultivateurs dans les pays occidentaux et notamment aux États- Unis, où le cultivateur même ordinaire em- ploie pour presque tous les travaux des machines etoù, en conséquence, il peut mettre en exploitation une superficie beaucoup plus considérable. La superficie moyenne des fer- mes, qui est, aux États-Unis, de 137 acres, est peut-être moins significative, parce que, dans ce pays neuf, en moyenne un tiers des terres n’est pas encore défriché. Comme il a été rappelé dans l’article sur la colonisation, la superficie moyenne des fermes des États-Unis est environ la même que celle des premières fermes de nos ancêtres en Europe. Mais même la super- ficie que peut cultiver facilement un seul homme, dans l’une des cultures qui exigent le plus de soin, celle du maïs, est de 40 acres au 15 hectares environ, c’est-à-dire bien des fois supérieure à celle des petites fermes de l’Est. Parmi les 4 o65 000 cultivateurs, 72 p. 100 étaient, en 1890, des propriétaires  ;

10 p. lOu des fermiers payant un loyer d’ar- gent  ; 18 p. 100 étaient des métayers, forme de fermage ayant sa raison d’être et dans le Sud, chez les cultivateurs nègres, et dans l’Ouest, où beaucoup de cultivateurs ne pos- sèdent pas encore de capitaux d’exploitation et ne peuvent que si difficilement encore courir les risques d’une mauvaise récolte.

11 est cependant rare de trouver de grands propriétaires qui afTerment aux autres  ; ce sont le plus souvent des cultivateurs retirés ou d’autres i)etits capitalistes. Le capital coo- père en fournissant les hypothèques plus souvent que comme placement en propriétés ou en fermes. Dans un pays aussi développé que les États-Unis, 43 p. 100 de la population produit bien plus de nourriture que 80 p. 100 de la population aux Indes et que n’en pro- duit en Russie à peu près la même propor- tion de la population qui s’occupe là d’agri- culture. La diminution relative de la popula- tion agricole n’est qu’une conséquence de l’accroissement de la force productive d’une nation, force qui permet à une partie beau- coup plus considérable du peuple de se livrer à d’autres occupations, utiles, mais moins nécessaires.

11. Causes générales

Climat. — Caractère de la production. — La possession de capitaux et la capacité personnelle. — État social général.

Parmi divers éléments qui, en dehors de l’his- toire antérieure, ont influé sur l’étendue des cultures, tels que la location, les prix des pro-


duits etc., il faut spécialement relever leclimat- Le Midi est éminemment favorable à la petite culture. Les arbres, dont les racines sont plus pénétrantes, peuvent mieux que les herbes et les blés duIN’ordsubirlasécheresse,etpre3que tous les arbres fruitiers  : l’olivier, qui rem- place, sous beaucoup de rapports, comme culture et pour la nourriture du peuple, les vaches et les prairies du Nord, les orangers, les mûriers, les vignes même sont l’afTaire de la petite culture. Déjà sous les Carolingiens, on relève, dans le midi de la France, des orga- nisations différentes de celles du Nord, laca- hannaria et l’appendaria, hors du village, Idi condcmima, la bordaria, dans le Sud-Est, le casale, où le propriétaire fournit la maison, les petits casati et autres que nous désignons aujourd’hui comme colliers. On a l’habitude d’opposer les pays de vigne en France et sur le Rhin à l’Allemagne du Nord. On relève les mêmes faits en Amérique, pour les cultures merveilleuses de la Californie du Sud et d’autres régions également du Sud, surtout là où l’on irrigue, comparées a l’agriculture du Nord, où le farmer, même ordinaire, occupe une superficie relativement considérable.

Le caractère de la production exerce aussi une grande influence, en tant qu’elle est déter- minée par d’autres causes que le climat, c’est- à-dire par le sol, par la distribution des moyens de production, des capitaux et de la capacité personnelle, par la demande des divers produits, par l’état des moyens de transports. L’exploitation des forêts et la silviculture, par exemple, sont du domaine des grandes propriétés, bien qu’il y ait aussi place pour une arboriculture plus soignée convenant mieux à des propriétés de moindre étendue. Les forêts toutefois sont à tel point un produit naturel, que nous en avons à peine parlé en étudiant la question des classes rurales. Elles représentent surtout une rente de la terre accumulée pendant de longues périodes  ; le travail de l’homme n’y tient qu’une place infime. Les forêts peuvent aussi, avec moins d’inconvénients que les autres ex- ploitations foncières, être soumises au régime de mainmorte, bien que l’infériorité des méthodes engendrées par cette forme de pro- priété puisse encore nuire à leur développe- ment. En dehors des forêts, c’est surtout l’élevage qu’il faut signaler comme pouvant convenir à de très grandes exploitations, qui existent en Russie, en Hongrie, en Autriche, dans l’ouest des États-Unis, dans une partie du Mexique, dans l’Argentine et dans l’Australie. Là où, aux États-Unis, le manque de pluie arrête la culture ordinaire, sur une longitude de 98 à 100 degrés, là com-


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