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Page:Schœlcher - Abolition de l'esclavage, 1840.djvu/129

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reux que nos ouvriers. » Mais en même temps ils avouent « que le travail libre est préférable au travail forcé. » Ils accordent la moralité de l’abolition, ils l’admettent tous comme une chose juste, bonne, nécessaire, ils n’en discutent plus que l’opportunité, ils n’en font plus qu’une question de temps, et ils finissent par dire, il est vrai, que le temps n’est pas encore venu. La conclusion est employée depuis des siècles par ceux qui ont intérêt à ce que le temps ne vienne jamais. C’est une tactique assez habile, mais dont personne ne peut plus être dupe, que celle de crier contre un abus durant cent pages, et à la cent unième de conclure à l’inopportunité momentanée de la réforme. Aussi, peu nous importe la conclusion, les aveux nous restent acquis.

Sous prétexte qu’ils connaissent mieux le pays, qu’eux seuls peuvent savoir si la population est mûre pour l’affranchissement, les maîtres nous recommandent encore le silence, ils profitent adroitement de la loi d’émancipation anglaise. « Nous voulons, comme les philosophes, la destruction de l’esclavage, mais sachons si la chose est possible. Les Anglais et le temps vont nous l’appren-