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Page:Schœlcher - Abolition de l'esclavage, 1840.djvu/46

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chaumières, compatirent à mes malheurs et contribuèrent à me sauver la vie. Je dois au reste plus particulièrement ce témoignage aux femmes qu’aux hommes. Ceux-ci, comme le lecteur a pu le voir, m’ont quelquefois bien accueilli, mais quelquefois très-mal. Cela variait suivant le caractère particulier de ceux à qui je m’adressais. Dans quelques uns, l’endurcissement produit par l’avarice, dans d’autres, l’aveuglement du fanatisme avaient fermé tout accès à la pitié ; mais je ne me rappelle pas un seul exemple de dureté de cœur chez les femmes. Dans ma plus grande misère et dans toutes mes courses, je les ai constamment trouvées bonnes et compatissantes, et je peux dire avec vérité, comme l’a dit éloquemment avant moi mon prédécesseur, M. Leydyard : « Je ne me suis jamais adressé à une femme que je n’aie reçu d’elle une bonne réponse. Si j’avais faim ou soif, si j’étais mouillé ou malade, elles n’hésitaient pas, comme les hommes, à faire une action généreuse. Elles venaient à mon secours avec tant de franchise que, si j’étais altéré, le breuvage qu’elles m’offraient en prenait