Aller au contenu

Page:Schœlcher - Abolition de l'esclavage, 1840.djvu/87

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

interdis à ton cœur des murmures désormais coupables : converse avec la Mort comme avec une amie, puisqu’elle conduit au séjour des félicités. Résigne-toi à l’ordre de Dieu. Il reprend son trésor, que tu croyais ta propriété, mais dont tu n’étais que le dépositaire ! »

Quant à moi je trouve cela très-beau.

Les pièces suivantes, d’un esclave de la Havane, nommé Juan Francisco Manzano, se trouvent dans L’Aquinaldo havanero, sorte de Keepsake, publié en 1837, à la Havane.


SONNET.

Quand je considère l’espace que j’ai parcouru
Depuis le commencement jusqu’à ce jour,
Je tremble et je salue ma fortune
Plus ému de terreur que de respect.

Je suis étonné de la lutte que j’ai pu soutenir
Contre un sort tant impie
Si je puis ainsi appeler les combats
De ma malheureuse existence à partir de ma fatale naissance.

Il y a trente ans que je connus la terre,
Il y a trente années qu’en un état plein de larmes
Triste infortune m’assiège de tous côtés.