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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/138

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celui qui cherchera sur la terre la trace des colons ne la trouvera plus. »

L’esclavage, en définitive, n’a répandu jusqu’à ce jour que la misère et la mort autour de lui, malgré les privilèges dont jouissent les maîtres. M. de Talleyrand l’avait bien dit lorsqu’il était républicain : « Il n’y a que la dissolution dans le système de société qui réclame l’esclavage comme un de ses élémens d’existence[1]. Les propriétaires ne peuvent y tenir que par ignorance ou préjugé ; faisons qu’ils essaient au moins de la liberté. — Mais qu’ils y prennent garde, qu’ils réfléchissent, leur avenir se teint de sang ; et, nous n’avons pas peur de le répéter, s’ils se refusent à abolir l’esclavage, ils mourront de la main de leurs esclaves ; ceux-ci comprendront leurs droits tôt ou tard, et il y aura de terribles massacres : si la génération présente ne les voit pas, c’est qu’ils sont réservés à nos enfans. — Dès aujourd’hui la population noire s’agite et complote : elle procède selon sa nature, brutalement, torche et poignard à la main. Des fermens de révolte éclatent à la Martinique, à la Havane, à la Trinité à St-Fernando, à Fernambouc, à Rio, à

  1. Essai sur les avantages à retirer des colonies nouvelles dans les circonstances présentes.