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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/139

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Tortola, à la Jamaïque, à Berbice, partout ! la France, l’Espagne, le Portugal, le Danemarck, l’Angleterre, aucune nation n’est exempte, et le sang de ces hommes dévoués qui s’en vont mourir sur l’échafaud en criant avec enthousiasme vive la liberté ! rejaillit sur tout, et porte le feu de l’indépendance dans le cœur des plus timides. — En vain les blancs assassinent juridiquement les conspirateurs sur le moindre soupçon, comme ils viennent de le faire à St-Pierre ; en vain, dans leur terreur, ils exécutent trente condamnations au mépris de la loi[1]. Ces atroces violations du code qu’ils ont fait eux-mêmes dans leur toute-puissance, ne justifient que trop les meurtres à venir ; et celui qui voit les choses de haut reconnaît dans ces précipitations sanguinaires les terreurs prophétiques d’un tyran qui demande le calme à la hache du bourreau. — Malheur aux blancs s’ils persistent à repousser les conseils des amis des noirs ! ils ne pardonnent pas, il ne seront pas pardonnés, et l’heure de la vengeance sera l’heure de la justice !!

Citons une dernière fois M. Pagès en terminant ;

  1. La loi arrache odieusement à l’esclave condamné la faculté de se pourvoir en cassation ; mais elle lui accorde celle de recourir à la clémence royale. Les trente conspirateurs de Saint-Pierre ont été exécutés malgré leur recours en grâce.