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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/140

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nous envelopper de cette haute éloquence, c’est un moyen de faire agréer notre long plaidoyer.

« Avertis que les colonies sont majeures, et qu’elles ne souffriront désormais que ce qu’il leur plaira d’endurer, les gouvernemens doivent s’efforcer de rendre leur domination plus juste, afin que l’émancipation soit plus tardive, et leur action plus régulière et plus sage, pour que la résistance soit moins cruelle et moins ruineuse. C’est ainsi que les Portugais du Brésil s’assurèrent des indigènes, que les jésuites dominèrent le Paraguai, que l’autocrate Francia le domine encore. La force et l’astuce durent peu et coûtent beaucoup. Le Mexique et le Pérou dévastés ont, à leur tour, dévasté l’Espagne et rejetté sa tyrannie. Il faut, par une sage liberté, maintenir l’harmonie entre les colons et la mère-patrie, entretenir par une servitude tolérable la paix entre l’esclave et le colon ; il faut limiter le nombre des noirs, de façon qu’ils puissent être contenus dans la dépendance, leur créer une existence légale, laborieuse, mais supportable ; leur donner pour les abus et les excès dont ils peuvent avoir à se plaindre, des juges qui ne soient ni colons, ni maîtres d’esclaves ; il faut enfin rendre la liberté et appeler aux droits de cité les hommes de couleur libres. Voilà les seules conditions auxquelles la servitude moderne offre moins