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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/141

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de périls. Mais les colons prennent l’arbitraire pour la puissance, et s’ils ne sont tyrans, ils ne croient pas être des maîtres.

« L’oubli de ces principes entretient dans toutes les colonies de la zone torride une fermentation qui finira tôt ou tard par l’extermination des blancs. L’avarice des maîtres semble ne pas laisser de terme moyen aux esclaves ; on les a placés dans l’effroyable alternative de l’oppression ou du soulèvement. La prudence des métropoles est aveugle, l’humanité des colons endurcie : le pouvoir n’a de force que pour attaquer les hommes éclairés qui signalent une grande catastrophe prochaine ; on les persécute comme complices, lorsqu’il faudrait les honorer comme prophètes. Quand on pèse ces grands intérêts, les paroles ne sont d’aucun poids dans la balance. C’est la tyrannie seule qui fit sonner le tocsin de la liberté. À Dieu ne plaise qu’on ne voue à l’exécration ce terrible soulèvement où l’esclave et le maître trempaient également dans des flots de sang humain les débris du despotisme expirant, et les prémices de la liberté naissante ! Mais les mêmes hommes qui, depuis trente ans, condamnent au nom de la religion et de la morale, l’insurrection de Saint-Domingue, ont approuvé pendant trois siècles, au nom de cette morale et de cette religion, le massacre