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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/54

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CHAPITRE VIII.

L’Afrique n’est pas absolument dépourvue de civilisation.

Accoutumés à ne considérer les noirs que du point de vue de l’habitation, les partisans de l’esclavage les proclament hautement « incapables de se conduire eux-mêmes, » et déclarent que « la liberté serait pour eux un bien inutile, qui, loin de les conduire au bonheur, les porterait aux crimes les plus horribles, et les plongerait dans un état aussi misérable que celui de leur frères de la côte de Saint-Domingue. »

La plupart des voyageurs qui ont vu l’Afrique, Jobson, Astley, Cowper Rose, Bosman, de Brue, J. Barbot, G. Mollien, tous Anglais, Français, Hollandais, répondent mieux que nous à ce paradoxe ; ils nous font voir les nègres vivant chez eux en société, soumis à leurs traditions, faisant quelque commerce, et obéissant à des lois plus ou moins sages, plus ou moins raisonnables. On lit dans la collection d’Astley : « Le roi des Jalofs choisit toujours pour juges ceux qui ont le plus d’expérience et de lumières. » À coup sûr on ne saurait en dire autant de nos monarques euro-