Aller au contenu

Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/55

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

péens, et le très-civilisé roi des Français lui-même est encore loin d’avoir le discernement du prince jalof, dont le royaume est situé entre la Gambie et le Sénégal. Mais, sans aller chercher nos preuves chez ces vieux auteurs, ne parlons que des modernes, et que l’on nous permette de multiplier un peu les citations, car les plus adroits raisonnemens ne serviraient pas aussi bien notre cause. Après une pareille lecture, qui pourrait encore arguer de l’infériorité de la race nègre vis-à-vis de la race blanche ?

G. Mollien met en tête de sa Préface résumée[1] : « Mes récits serviront à prouver que ces nègres que nous regardons comme des barbares, loin d’être entièrement dépourvus de connaissances, ne sont guère moins avancés que la plupart des habitans de la campagne en Europe. La religion de Mahomet, qu’ont embrassé presque toutes les nations africaines que j’ai rencontrées, a éclairé leur esprit, adouci leurs mœurs, et détruit chez elles ces coutumes cruelles que conserve l’homme dans l’état sauvage. »

M. Caillé[2], qui reste trop inconnu, et dont la France n’honore pas assez l’immense courage, a

  1. Voyage dans l’intérieur de l’Afrique, fait en 1818 par ordre du Gouvernement français, et publié en 1820.
  2. Journal d’un voyage à Tombouctou et à Jenné dans l’Afrique centrale.