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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/78

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qu’en ait dit M. F. P., il est certain que les animaux ne peuvent comparer ; s’ils pouvaient le faire, il y a déjà long-temps que les lions, se réunissant et combinant leurs forces, se seraient rendus maîtres de nous, auraient inventé des signes ou un langage pour s’entendre, et se feraient servir par les hommes des cuisses de jeunes filles sur des plats d’or, ou mieux d’ivoire, dans le cas où les éléphans consentiraient à leur en vendre.

Je conclus de ce raisonnement tant soit peu métaphysique, que les nègres sont hommes au même titre que nous, puisque, de l’aveu même de M. F. P., ils possèdent la faculté de discerner et de comparer[1]. Les plus brillantes dis-

  1. Il n’existe qu’une seule espèce d’hommes. On ne contestera pas cette vérité, si l’on remarque que parmi les animaux, lorsqu’on réunit, pour l’accouplement, des individus dont l’espèce n’est pas entièrement identique, le produit est infécond, que dans la même espèce, lorsqu’à force de temps et de patience, on parvient à se procurer une variété qui s’écarte beaucoup du type primitif, on ne la perpétue qu’avec des soins infinis ; que cependant les hommes de couleur, provenus des nègres et des blancs, sont d’une aussi grande fécondité que les Européens ou les Africains, et se perpétuent avec la même facilité.

    L’archéologie, qui nous montre les différentes langues comme des canaux qui tendent, à mesure qu’on s’enfonce dans l’antiquité, à se réunir au même tronc ; l’histoire des migrations, qui nous les représente comme provenant d’un centre commun, confirment encore cette vérité, qui, dès lors, est tout à la fois naturelle et historique.

    Lacharrière.