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Page:Schleiermacher - Discours sur la religion, trad. Rouge, 1944.djvu/105

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du christianisme, et le fait central de l’histoire de l’humanité elle-même. C’est dans cet esprit que Schleiermacher les explique, les interprète, veut les voir saintement utilisées.

Là est le principe d’unité de la vie, de l’activité, de l’œuvre, de l’influence de Schleiermacher. En tout temps, c’est dans l’imitation de la vie du Christ qu’il a vu l’essence du christianisme. Cette conviction lui a permis de rester dans le cadre chrétien même à l’époque de ses doutes dogmatiques les plus troublants, comme elle avait aidé son père avant lui à traverser une longue crise semblable. Elle l’a soutenu dans sa lutte contre tous les scrupules et les difficultés internes de sa très libre apologétique.

Il se rattache bien en ceci, comme le dit Nadler, à la tradition des mystiques qui depuis le xive siècle prolongent en Allemagne l’esprit franciscain. On pourrait admettre qu’il se rattache de même à celle symbolisée par l’ouvrage qui, avec la persuasive poésie de sa mystique pratique a, plus encore que le charme des Fioretti, propagé dans le monde le programme de l’Imitation de Jésus-Christ. Schleiermacher vise d’ailleurs à suivre cette règle sans aucun moyenâgeux ascétisme monachique, dans l’idée résolument moderne, combinaison de luthéranisme et de calvinisme très adoucis, que c’est dans l’existence normale de la communauté humaine que le chrétien doit vivre sa foi.

CONCLUSION

Ce résumé, si bref et par suite si incomplet soit-il, des principales idées du Schleiermacher de la Foi chrétienne de 1821, permet cependant de répondre à la question posée par l’analyse des Discours : comment leur auteur a-t-il pu jouer le rôle de réformateur de la Réforme protestante ? Qu’a-t-il eu à éliminer, et qu’a-t-il conservé du romantisme de ses trente ans, dès l’origine assagi par le criticisme, dans le christianisme tel qu’il le prêche et l’enseigne à partir de la quarantaine ?

À le voir rejeter, radicalement, semblait-il, dans ces Discours, les dogmes essentiels du christianisme positif : Dieu personnel, divinité du Christ, rédemption de l’humanité pécheresse par le sacrifice du Fils innocent, immortalité