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Page:Schleiermacher - Discours sur la religion, trad. Rouge, 1944.djvu/23

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être le noyau consistant d’une religion proprement dite. Mais elle présente cette haute valeur, ce haut intérêt, qu’en fait elle a contribué à revivifier le protestantisme orthodoxe, avec lequel Schleiermacher n’entend pas rompre, et dont, ainsi intériorisé, individualisé par l’âme qu’il lui communique, sa propre foi pourra dans la suite se rapprocher de plus en plus.

Sa propre foi, elle se propagera, au cours du xixe siècle, en Allemagne et dans d’autres pays dont la France, comme élément essentiel du protestantisme libéral.

Les ouvrages qu’il publie durant cette période sont, en 1799, les fameux Discours sur la Religion, composés dans les mois d’août 1798 à avril 1799 ; en 1800, des Monologues sur certains problèmes posés par les rapports entre les individus et la société, et des Lettres sur la Lucinde, qui poussent très loin l’indulgence à l’égard de la morale, libre jusqu’à la licence, prêchée par son ami Schlegel dans ce roman qui fait scandale. En 1801 un premier recueil de Sermons.

Il faut mentionner en outre quelques aphorismes d’inspiration romantique mêlés anonymement aux Fragments de Novalis, de Guillaume et surtout de Frédéric Schlegel, qui furent un des caractéristiques apports de l’Athenäum en 1798.

S’il n’avait écrit que ces ouvrages ou des œuvres du même esprit, il aurait peut-être collaboré, au sein d’une élite intellectuelle, à une modification du protestantisme dans le sens d’un libéralisme plus souple. Il ne ferait pas figure de réformateur de la Réforme. Mais en même temps qu’il fait paraître, sans nom d’auteur d’ailleurs, ces Discours et ces Monologues et ces Lettres d’un ton si laïque, il continue à exercer ses fonctions de prédicateur, et les Sermons qu’il publie en 1801, signés ceux-là, le montrent beaucoup plus proche du protestantisme positif qu’il ne paraît dans les trois œuvres anonymes. est-il le plus lui-même, et le plus sincère ? Dans les Discours composés pour ses amis romantiques, ou dans les Sermons adressés à ses ouailles ? La question est intéressante en soi. Je ne l’évoquerai que lorsque ce sera utile pour l’interprétation des textes des Discours dont le sens chatoie entre une nuance plus laïque et une autre plus chrétienne.

Ses Discours, ses Lettres sur la Lucinde, ses relations avec