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Page:Schleiermacher - Discours sur la religion, trad. Rouge, 1944.djvu/266

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conque arriver, et pour toutes les maladies de l’humanité il y a des médications variées : chacune sera essayée en son lieu, et conduira au but. Mais ce but du moins, qu’il me soit permis de vous l’indiquer, pour vous faire voir d’autant plus clairement qu’ici aussi ce n’est pas la religion et son aspiration sur lesquelles votre colère aurait dû[1] se jeter. L’essentiel dans la conception d’un tel institut auxiliaire[2], n’est-il pas que, à ceux qui ont à un certain degré le sens de la religion, mais qui, parce que celle-ci n’est pas encore arrivée chez eux au degré de sentiment [219] déclaré et conscient, ne sont pas encore aptes à être incorporés à la véritable Église, qu’à ceux-là assez de religion soit présentée avec intention, pour que par là leur inclination à son égard doive nécessairement se trouver développée. Cherchons à voir ce qui, exactement, empêche que cela puisse arriver dans l’état présent des choses.

Je ne rappellerai pas une fois de plus que c’est l’État qui choisit actuellement ceux qui, dans cette société, remplissent la fonction de chefs et de personnel enseignant[3], — je ne me sers qu’à regret, et faute d’un autre terme, de ce mot qui ne convient pas pour cette activité — l’État, dis-je, les choisit en raison de ce qu’il souhaite, lui, et qui tend plutôt à favoriser le progrès des autres affaires qu’il a rattachées à cette institution. Je ne rappellerai pas qu’on peut être un pédagogue des plus intelligents, un très pur et excellent moraliste, sans entendre quoi que ce soit à la religion, et que par suite il arrive facilement que manquent tout à fait de celle-ci beaucoup de ceux que l’État compte au nombre de ses plus dignes serviteurs dans cette institution.

Mais admettons, j’y consens, que tous ceux qu’il y investit d’une fonction soient vraiment des virtuoses en religion[4]. Vous accorderez tout de même qu’aucun artiste ne peut communiquer avec quelque succès son art à une école s’il n’y a pas entre les apprentis une certaine égalité de notions préliminaires ; et encore cette égalité

  1. A dit « a dû », c’est seulement C qui a corrigé cette inadvertance.
  2. Cette détermination de « conception » est une adjonction de C.
  3. Lehrer.
  4. B : soient vraiment pénétrés et animés de piété.