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Page:Schleiermacher - Discours sur la religion, trad. Rouge, 1944.djvu/279

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de la céleste beauté dont j’ai essayé de reproduire l’image[1].

Si vous jetez un regard sur l’état actuel des choses, où la multiplicité des Églises correspond presque partout à celle des religions, et où dans cette division même les unes et les autres semblent indissolublement unies, où il y a autant de doctrines et de professions de foi que d’églises et de communautés religieuses, vous pourriez facilement être induits à croire que mon jugement sur la multiplicité des Églises exprimé en même temps aussi celui que je porte sur la multiplicité des religions. Ce serait là méconnaître complètement mon opinion. J’ai condamné la pluralité des églises. Mais précisément par le fait que, de la nature de la chose, j’ai tiré la démonstration qu’ici tous les contours s’effacent, tous les compartiments arrêtés disparaissent, et que non seulement sur le plan de l’esprit et de la participation affective, mais aussi sur celui des connexions réelles, tout doit constituer un tout indivisé, précisément par là j’ai postulé la pluralité des religions, et la différence la plus nette entre elles, comme une chose nécessaire et inévitable. Car [239] pourquoi l’Église intérieure, l’Église véritable, devait-elle[2] être une ? Afin que chacun pût considérer intuitivement et se faire communiquer la religion d’autrui, qu’il ne peut pas considérer comme la sienne propre, et qu’il a par suite conçue comme tout à fait différente de celle-ci ? Pourquoi l’Église extérieure, improprement appelée de ce nom, devait-elle[2] aussi être une ? Afin que chacun pût chercher la religion sous la forme homogène, au germe qui sommeille en lui, laquelle devait donc être d’une espèce déterminée, puisqu’il ne peut être fécondé et éveillé que par cette même espèce déterminée. Et ces manifestations de la religion ne pouvaient pas être conçues comme de simples fragments complémentaires, différents les uns des autres seulement sous le rapport numérique et à l’égard de leur grandeur, et qui, si on les eût assemblés, auraient constitué un tout uniforme et dès lors seulement complet ;

  1. Le théologien va donc montrer ce qu’il y a de religion vraie, pure, dans les religions positives, qui en sont des représentations nécessairement imparfaites, mais les seules approximations possibles.
  2. a et b Ou : « devrait-elle » ?