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Page:Schleiermacher - Discours sur la religion, trad. Rouge, 1944.djvu/81

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C’est dans l’intérêt de la religion vraie, qui est vie et esprit, qu’il combat tout ce qui, dans l’Église, est de nature à figer la vie et officialiser l’esprit.

Pour cela, il ne va pas jusqu’à demander et désirer l’émiettement des Églises en chapelles et conventicules. Non. Il est partisan de grandes Églises. Il voudrait même une Église (pages 225-226), mais à condition que ce cadre fût, sur les plans ecclésiastique, rituel et dogmatique, assez large et souple pour permettre à l’esprit d’y circuler librement, au sentiment individuel de s’y épanouir : une Église qui soit eine fliessende Masse, une masse fluide, selon l’expression bien caractéristique qu’il emploie.

Sans juger cette conception, son dynamisme, et ses dangers, il convenait simplement ici de montrer ce que, par le sens dont elle témoigne à la fois du social et de l’individuel, elle a de romantiquement protestant. Et il faut insister sur le fait que, dès 1800, Schleiermacher tiendra compte davantage dans son activité pastorale, professorale, administrative, des nécessités matérielles de la vie des Églises, en particulier de la différence qui s’impose entre les fidèles et le clergé, ce dernier étant le cadre nécessaire au maintien, dans l’espace et le temps, de la masse fluide des premiers.

CINQUIÈME DISCOURS

SUR LES RELIGIONS

Le cinquième et dernier discours a pour titre Sur les religions. Schleiermacher y exprime ce qu’il tient à dire au sujet des religions positives. En le lisant nous nous rendons compte que l’auteur n’a pas conçu son ouvrage autant en philosophe ou en esthète qu’il nous en a souvent donné l’impression, qu’il a écrit en penseur vraiment religieux, et même, vraiment chrétien. Il s’inspire en effet ici de la conviction que la religion véritable se trouve dans les religions positives, si imparfaitement qu’elles répondent à la religion idéale, à la religion pure qu’il a entendu définir, et non dans une philosophie morale comme la religion dite naturelle, à laquelle s’étaient ralliés tant d’esprits cultivés du xviiie siècle, et