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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/112

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MÉMOIRES D’UNE CHANTEUSE ALLEMANDE


n’était pas très appétissant. Bien que ma tante fût complètement habillée, elle avait peut-être été belle autrefois, mais elle n’était plus aujourd’hui qu’une vieille, maigre et décharnée, avec le visage dur, sur lequel poussait une moustache rêche et grise si vilaine qu’on ne saurait rien voir de si vilain, de si contraire à tout ce qui constitue la grâce et le charme de la femme.

Donc, ma tante aussi !

Pour elle, pourtant, j’aurais mis ma main au feu, et voici que je la surprenais ! Elle n’était pas du tout indifférente à cette activité essentielle de la vie terrestre ! Il est vrai qu’elle se contentait de peu. Probablement, elle craignait de se mettre entre les mains d’un homme, car vraiment elle ne pouvait plus avoir aucune prétention à l’amour et à la tendre jouissance. Cet acte était nouveau pour moi ; je voulais savoir combien il durerait et comment il finirait ; je restai donc à mon poste d’observation. Ma tante avait fermé les yeux, je ne pouvais pas voir l’expression de son visage et reconnaître l’effet que lui causait cette jouissance secrète. Par contre, ses mouvements disaient d’autant plus vivement le plaisir qu’elle y trouvait. Elle se mouvait et grimaçait de la façon la plus plaisante, mais qui aurait été bien propre à effrayer un enfant. Parfois, elle regardait à droite et à gauche si personne n’était là. Ma petite tante semblait très expérimentée, car quand le chien fut fatigué, elle perpétua les mouvements secrets que son bien-aimé roquet avait cessés. Le chien se grattait,