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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/113

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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


se mordait pour attraper des puces. Et tandis que ma tante s’animait de plus en plus, son chien, qui ne s’occupait plus d’elle, s’amusait tout autant à sa manière. Mais cela ne lui réussit pas aussi bien qu’à sa maîtresse. Tant qu’elle se dépêchait, elle n’eut pas le temps de le chasser. Mais dès qu’elle eut atteint son but, détendu ses membres et que son âme se fut ouverte toute grande, elle lui appliqua un grand coup de pied. La pauvre bête se réfugia sous le lit en gémissant. Ma tante resta encore un instant immobile, puis elle remonta les couvertures et baissa la lampe.

Ce spectacle inattendu avait pris fin. Je me gardai bien de révéler ma présence derrière la porte. C’était encore une expérience, et cela au moment même où j’avais honte de tromper ma tante par un mensonge. Maintenant je savais à quoi m’en tenir et je ne voulais plus être trompée. Avant tout, je voulais essayer moi-même ce que j’avais vu faire ! En tout cas, cela devait être sans danger, puisqu’une vieille fille aussi peureuse que ma tante s’y livrait. Je dois avouer que j’avais pitié de cet affreux chien qui n’avait pas pu satisfaire son désir. Délicieusement émue de tout ce que j’avais appris dans la journée, j’eus beaucoup de peine à m’endormir et je fis des rêves monstrueux où Franz et le chien étaient étrangement confondus. Le lendemain matin, je n’eus rien de plus pressé que d’envoyer ma tante en visite dans un faubourg éloigné, et quand je fus seule dans l’appartement je commençai l’expérience. Je compris pourquoi ma tante enfermait continuellement son chien. À peine fut-il