nité avait été brisée. Elle ne se cacha point d’être d’un
tempérament très voluptueux. Elle me dit aussi que
jusqu’après son deuxième accouchement elle ne prenait
aucun plaisir aux étreintes, alors très fréquentes,
de son mari. Son plaisir ne se développa que peu à
peu et devint soudain très vif. Longtemps je n’y pouvais
pas croire, ayant été moi-même d’un tempérament
ardent dès ma jeunesse ; maintenant j’en suis
convaincue. Le mari est fautif dans la plupart des
cas il presse trop pour finir aussitôt après avoir
commencé ; il ne sait pas exciter la sensualité de la
femme ou l’abandonne à mi-chemin. Roudolphine
avait eu des compensations pour les privations endurées ;
elle était aussi charmante qu’avide et ne supportait
qu’avec humeur les négligences de son mari. Je ne
vous raconterai point les badineries et les folies que
nous fîmes toutes les deux seules dans son grand lit
anglais. Nos ébats étaient très charmants, et Roudolphine
était insatiable dans le baiser et dans le contact
caressant. Elle jouissait des deux durant des heures
et soupçonnait à peine que ce temps était encore trop
court pour moi, tant je feignais de lui céder avec
peine et avec doute.
Nos relations devinrent bientôt beaucoup plus intéressantes. Roudolphine se consolait en secret du papillonnage de son mari. Dans la villa voisine habitait un prince italien. Il vivait d’habitude à Vienne, et le mari de Roudolphine avait en main ses affaires d’argent. Le banquier était l’humble serviteur de l’immense fortune du prince. Celui-ci, dans la tren-